Les conseils de conduite en moto

Les conseils qui suivent sont faits pour rester en vie et entier. Ils sont donc incompatibles avec les performances « sportives » ou avec ce que certains considèrent comme essentiel pour épater la gonzesse (faire le kakou avec une grosse moto).

Beaucoup trouveront certainement que j’enfonce des portes ouvertes, mais regardez mieux autour de vous, vous verrez…

Les règles de base :

Respectez le code de la route, il est en général bien fait.

Être vu, donc se débrouiller pour être devant, pour ne pas être dans l’angle mort d’une voiture ou pire, d’un camion ou d’une camionnette, allumer ses phares, voire ses pleins phares en condition extrême, On peut même allumer les warning dans les embouteillages, en remontant les files (attention, cette manœuvre est interdite, donc en cas de pépin, vous n’êtes pas assurés). Ne jamais compter sur les réflexes des autres, en derniers recours, ils pourront peut-être vous sauver.

Ne jamais considérer que les autres vont respecter le code de la route : les cimetières sont remplis de gens morts dans leur bon droit !!

La conduite en ville :

Considérez que vous êtes, dans l’esprit des 4 roues et plus, au mieux une donnée négligeable, en général invisibles, au pire un élément à supprimer. La situation s’améliore un peu en semaine, mais pas chez les conducteurs du dimanche, moins habitués à cotoyer les motos.

En effet, entre autres à cause de comportements motards totalement irresponsables et imbéciles, il n’y a encore aucune volonté politique de considérer la moto comme une alternative à l’automobile dans les déplacements en ville.

De ce fait, rien n’est fait pour sensibiliser l’automobiliste à la présence du deux-roues.

Nous passerons sous silence l’aberration qui consiste à faire circuler sur la même voie vélo, moto, et auto, et d’interdire les deux-roues motorisées dans les couloirs de bus (ce n’est pas demain la veille qu’une moto gènera un bus !).

Voici les dangers à surveiller dans la conduite en ville :

- L’angle mort (voir dessin)

- Se mettre devant aux feux, mais pas entre deux véhicules, ceux cis pourraient démarrer avant vous et en cas de perte d’équilibre, vous percuter. N’hésitez donc pas à vous positionner devant les voitures pour les empêcher de démarrer avant vous. Par contre ne rêvassez pas : démarrez dès que le feu est vert, APRES avoir vérifié qu’aucun piéton ne traverse.

- Même si vous avez la priorité ou que le feu est vert, vérifiez que la voie est libre

- Ne jamais faire de dépassement dans un carrefour

- Ne jamais passer sans visibilité.

En règle générale, c’est la conduite en ville qui présente le plus grand nombre et la plus grande diversité de dangers. Roulez lentement et soyez vigilants ; observez tout. Avec le temps vous acquerrez un sixième sens : instinctivement, vous saurez prévoir la fausse manœuvre d’une voiture rien qu’à sa façon d’être sur la route. P

Partez du principe que la chance n’existe pas.

Le périphérique ou les voies rapides :

Dans le principe, le périphérique et les voies rapides sont moins dangereux que la conduite en ville, cependant soyez vigilants : les médecins du SAMU ont appelé l’espace entre l’avant dernière et la dernière file du périph la voie des donneurs (d’organes !!).

- En cas d’embouteillage, le seul vrai danger à surveiller est le véhicule qui va changer de voie devant vous. La solution est d’adapter votre vitesse de façon à pouvoir vous arrêter en cas d’urgence, ou suivre le mouvement du véhicule.

- Le pire ennemi du motard dans ces conditions est…le motard : celui qui va arriver nerveusement derrière vous en vous faisant ostensiblement comprendre que vous êtes un « poireau ». Il va vous faire stresser et vous pousser à la faute.Ravalez votre fierté et votre agressivité (je sais c’est dur), et rabattez-vous dès que possible. S’il veut jouer avec sa vie, c’est son droit, s’il perd que ce soit sans vous.

- En cas de circulation fluide, se reporter au chapitre « La conduite sur autoroute ».

La conduite sur route :

Rien de plus facile et de plus agréable que la conduite sur route départementale (n’en déplaise à Jean Yanne !). J’ai du mal à comprendre ceux qui arrivent à se mettre au tas sur des routes normales, mis à part à cause d’une défaillance mécanique ou d’un obstacle survenant du néant… Contrairement à une idée reçue, les arbres ne se jettent jamais délibérément sur les motards. Blague à part, il y a quand même quelques points à surveiller :

- L’état de la route : la plaque de gravillons, le trou, la flaque d’huile…

- Attention de ne pas arriver trop vite dans un virage, c’est difficile à rattraper

- Attention aux virages sans visibilité, vous pouvez vous retrouver en face de toutes sortes de choses : troupeau, fada doublant sans visibilité, camion roulant au ralenti, branches, tracteur, gravillons (encore eux !)…

- De même restez de votre côté de route en toutes circonstances ; contrairement à un circuit, des gens roulent en sens inverse.

- Ne doublez pas n’importe comment.

La conduite sur autoroute :

La tentation est « d’ouvrir ». Le premier imbécile venu ayant un minimum de maîtrise de sa moto et pas trop peur, est capable de rouler vite en ligne droite. Les difficultés sont les suivantes :

- La maîtrise du virage - La prise en compte des comportements des autres véhicules qui méconnaissent les règles de base de la conduite sur circuit où vous pensez être

- L’incident mécanique - L’obstacle imprévu sur la chaussée Tout le monde connaît les conséquences d’une chute sur autoroute (rail décapiteur, obstacle interrompant la glissade du pilote, automobilistes faisant leur possible pour achever le motard à terre en leur roulant dessus…), donc mieux vaut éviter, on ne perd qu’une fois…

La conduite sous la pluie :

A part les pilotes de course, personne ne sait maîtriser une moto sous la pluie. Considérez donc que l’adhérence a pratiquement disparu, donc plus de freinage d’urgence possible ni de virage appuyé : vous roulez sur des œufs. Ralentissez, augmentez vos distances de sécurité, équipez-vous (voir rubrique « s’équiper » )

La conduite sur la neige :

Impossible…Sauf avec de la chance et des pneus à clous de 5 cm. Si vous n’avez pas le choix, roulez aussi lentement que possible, sans à-coups, tournez sans prendre d’angle, prévoyez une distance de freinage de pétrolier, priez.

Le guidonnage, vaste sujet :

Le guidonnage, phénomène étrange où la direction, pour une raison inexplicable, rentre en résonance et se met à osciller de droite à gauche de plus en plus fort, jusqu’à la chute. Les béhèmes sont peu sujettes au phénomène, ayant un angle de chasse assez ouvert. Si votre moto, malgré tout, guidonnait, voyez le chapitre pannes courantes. Que faire en cas de guidonnage ? Accélérer ! Cela devrait enlever du poids à la roue avant et supprimer le phénomène.

L’alcool et autres… :

Inutile de se leurrer, personne n’est opérationnel à 100% en ayant absorbé de l’alcool ou fumé ou autre…

On pourrait discuter indéfiniment sur la quantité d’alcool à ne pas dépasser pour conduire sans danger et sur les variations de comportement chez différents individus après avoir absorbé la même dose d’alcool : deux verres chez un jeune homme de 100kg habitué à « bien » boire, n’auront pas le même effet que chez une mamie de 80 ans n’ayant jamais bu de sa vie…

L’alcotest français est donc mal fait, voire dangereux ; il devrait être remplacé, comme aux Etats Unis, par un test d’aptitude physique.

Quoiqu’il en soit, au delà d’un gramme vous êtes « invités » à finir votre nuit en cellule de dégrisement.

Donc si vous vous sentez aptes à conduire après une bonne soirée (et même si vous l’êtes), faites un alcotest et rentrez à pied !

Si malgré tout, vous vous décidez à partir, roulez lentement. La plupart du temps, l’alcool désinhibe, et les esprits faibles pensent être devenus de grands pilotes…

Autres conseils :

Tenez-vous droits et si vous êtes sujets au mal au dos, portez une ceinture lombaire sur les longs trajets. En effet, les suspensions d’une moto restent assez spartiates.

Pour freiner, commencez par freiner de l’arrière, cela « assoira » la moto sur l’arrière et diminuera l’effet de plongée sur l’avant. Lors d’un freinage d’urgence, tendez les bras et si vous avez le temps, rétrogradez.

En règle générale, entraînez-vous le plus souvent possible aux situations d’urgence : dans un état de stress, seuls les réflexes acquis par l’expérience gouverneront vos actes. Rien ne vous empêche de faire un freinage d’urgence à chaque feu !!

Ralentissez à l’entrée des virages et maintenez une accélération constante pendant le virage en mettant votre poids à l’intérieur du virage et à l’avant de la moto.

Voilà, avec tous ces conseils, vous n’éviterez pas toutes les gamelles, mais vous aurez mis toutes les chances de votre côté.

J’ai fait une observation intéressante depuis quinze ans que je répare les motos : Ce sont souvent les mêmes qui tombent et à qui il arrive le plus d’accidents même non responsables…