[ARCHIVE 2013] Moto Revue pour les 90 ans de BMW.

Une BMW se garde longtemps, roule beaucoup et souvent. Du coup il faut bien l’entretenir mais aussi la soigner parfois. Antoine Barraud, boss de l’Atelier du roule-toujours, à Maisons-Alfort, s’est spécialisé dans les BMW de 1970 à nos jours avec son équipe. Si vous en avez une rassurez-vous, ils en prendront grand soin.

UNE BMW EST FIABLE

et rien ne l’arrête. Pour la première idée, Antoine Barraud affirme que c’est une légende urbaine. En revanche, il confirme que rien n’arrête une BM ou presque. Mais pour avoir de telles certitudes, cet ancien ingénieur du son s’appuie sur une grosse expérience car il en a vu et en voit toujours passer des BMW dans son atelier.

D’ailleurs, il n’est pas possible de se tromper sur la cible de clients qu’il a choisie. L’atelier du roule-toujours, c’est le nom de l’échoppe qui accueille dans son garage les béhémistes et leurs montures datées non pas au carbone 14 mais sorties des usines allemandes entre 1970 et maintenant. Dans cet atelier à l’ancienne se côtoient vieilles brêles démontées, séries K hors d’Age et pièces en tout genre. Mais pour en arriver là, Antoine et l’ART ont cherché leur voie : « je voulais être musicien, et après une licence de science éco, je suis devenu ingénieur du son. Mais très vite, j’ai compris que ce métier n’était pas fait pour moi. » Pour autant, il ne s’est pas réveillé un matin en se disant qu’il allait devenir mécanicien. Quoique..

Antoine est dans la mécanique qu’il est adolescent et l’époque des Honda C50, le Superclub. A force de potasser les livres de mécanique et de mettre les mains dans le cambouis, ce ne sont pas les deux 75/5 de son frangin et d’un ami qui le rebutent. Au contraire, il découvre le flat avec ses joies et ses tares. Alors, une fois finie sa carrière de « musicien par procuration » comme il qualifie son précédent métier, Antoine se lance dans le projet de restaurer des motos du domaine (les véhicules de l’administration, une fois bien usés, sont revendus par lots) pour les revendre ensuite. Mais ce projet tournera court. Avec des amis, il se lance dans la restauration de motos avec une association dénommée « Altalarnac » basée rue de Charenton, à Alfortville. Et puis de fil dénudé en aiguille de carburateur avec quelques serrages de ceinture en prime, il décide de passer à l’étape supérieure avec Eric Svoboda et Patrice Thirion en créant l’Atelier du roule toujours en avril 1996. Ils s’installent au 22 chemin Latéral à Alfortville dans une ancienne usine (qu’ils partageront avec Trophy motos, spécialiste des Ural notamment).

Toutes sortes de machines de toutes marques passent alors par l’atelier, mais l’activité n’est pas encore très lucrative. Un an après le déménagement dans un lieu plus approprié, une ancienne casse située au 35 rue Carnot à Maison Alfort, Antoine prend en main en solo les commandes de l’ART. Il décide de se spécialiser sur le créneau des BMW sorties après 1970. « Entretenir et restaurer des BMW plus anciennes, c’est un autre métier. La moto rentre pour un souci ou un réglage qui doit prendre en théorie une heure, et deux jours après vous y êtes toujours » explique t’il pour justifier son orientation. Ensuite, le rachat d’un stock de pièces détachées lancera l’ART dans la vente de pièces. Et naturellement, l’internet s’imposera comme une interface pour entrer en contact avec des clients du monde entier.

Autodidacte et bien entouré

« Un jour, un motard habitant dans les Pyrénées m’appelle pour m’acheter un pneu de GS et que je lui envoie par la Poste. Le type habitait à 200 kilomètre de la première concession et ca lui revenait moins cher de me le commander malgré les frais de port. Du coup, j’ai lancé un site de vente en ligne et maintenant il y  a des acheteurs des DOM-TOM, d’Italie ou du Brésil. Cette activité représente 10% de notre chiffre d’affaires avec en moyenne 150 ventes par mois. Et cette pratique est moins chronophage que la vente au guichet, même si nous le faisons aussi. Cependant ca occupe bien Edouard, le magasinier et Sylvie l’administrative. » Du coup, les 90% restants de l’activité de l’atelier, c’est l’entretien. Toutes ces machines sorties du circuit habituel du réseau du fait d’une garantie obsolète, qui aux mains de leurs propriétaires avalent de la borne pour faire des grands trajets boulot-dodo, ont bien besoin d’être chouchoutées. Petite révision classique ou réfection totale, on ne vous refuse rien à l’ART. Un bouclard qui n’attire pas qu’une clientèle de banlieusards ou de Parisiens. On vient de loin aussi pour placer sa BMW entre les mains expertes des cinq mécaniciens, confirmés ou apprentis, de l’atelier. 

« En fait, les possesseurs de BMW sont attachés à leurs machines. Ils ont du mal à s’en séparer. Du coup, quand les premiers signes de faiblesse se font sentir, ils n’hésitent pas à mettre un gros billet ( NDLR : 2500€ en moyenne ) pour refaire ce qui est nécessaire et repartir avec une moto quasi neuve mais dont ils connaissent l’historique. Souvent à 100 000 kilomètres, il faut tout tomber. Mais une fois refait, c’est reparti pour autant. » Et le travail ne manque pas, car « BMW à connu une baisse dans la qualité de fabrication sur les modèles entre 1994 et 2007 » Ce qui veut dire que les modèles actuels sont exempts de tout reproche et sonnent le glas à terme de l’ART ? « Si le nouveau Boxer est exceptionnel, je pense qu’il ne sera pas exempt de problèmes. Ce qui peut ralentir notre activité, c’est que les gros rouleurs passent aux scooters, ce que je peux comprendre. Il faudra donc s’élargir peut-être aux autres marques qui ont aussi des modèles prisés des roule-toujours. »

Mais pour l’instant, l’horizon semble dégagé et le travail ne manque pas. D’ailleurs, le téléphone sonne à nouveau et Antoine doit à nouveau renseigner un béhémiste en rade, pour que ce dernier roule à nouveau et que la légende ne soit pas galvaudée. Car si une BMW n’est pas aussi fiable qu’on le croit, rien ne l’arrête.

En Date :

1. 1965 : Naissance en Février
2. 1994 : Arrête son métier d’ingénieur du son pour monter Altalarnac, rue de Charenton à Alfortville, avec des amis
3. 1996 : Création de l’Atelier du roule toujours au 22 chemin Latéral à Alfortville avec deux amis.
4. 1999 : Déménagement de l’atelier à Maisons-Alfort (Val de marne)
5. 2000 : Antoine continue en solo
6. 2003 : Arrêt de la vente de motos.
7. 2005 : Création du site de vente en ligne.